La fasciathérapie connait un véritable engouement. Cette approche non-manipulative sollicite les capacités d’autorégulation du corps et prend en compte l’unité corps/psychisme. En redonnant de la mobilité à nos organes, elle permet de soulager des douleurs, trop souvent inexpliquées.
La fasciathérapie n’est pas, comme on pourrait le penser de prime abord une approche thérapeutique visant la face, mais bien le corps tout entier. Le fascia est un tissu conjonctif transparent de quelques millimètres. Il est constitué de fines membranes qui enveloppent et relient tous les muscles et organes et même les fibres musculaires. Longtemps considéré comme un tissu de remplissage, le fascia est aujourd’hui reconnu comme un nouvel organe clé présent dans la totalité du corps humain et contribuant à son bon fonctionnement.
Le fascia, un organe à part entière
On peut comparer l’ensemble du fascia du corps humain à une toile d’araignée. Composés d’eau et de fibre de collagènes, ses fibres sont toutes reliées et entrelacées entre elles, formant un maillage de 0,3 à 3 millimètres d’épaisseur. Le fascia est un tissu de soutien qui englobe tout le corps, un être humain qui naitrait sans fascias ne pourrait se tenir debout. Il est continu de la tête aux pieds, parcourt l’ensemble du corps et s’insère partout : dans les muscles, les os, les nerfs, les vaisseaux sanguins, les organes, le cerveau et la moelle épinière. A la 5e semaine embryonnaire, il se déploie à partir du cœur et permet un développement harmonieux de la forme du corps humain.
Comme tout élément de notre corps, ce qu’on appelle aujourd’hui le 80ème organe, crée des désordres s’il est malmené. En effet, dans certaines situations, le fascia est capable de se crisper, de se rétracter, de se tendre durablement, provoquant alors des tensions physiques et des douleurs qui parfois, se répercutent à distance dans l’organisme et crée la confusion quand on cherche l’origine de cette douleur. Les tensions au niveau du fascia peuvent entrainer des problèmes métaboliques ou organiques, aigus ou chroniques.
En amont de cela, les figements peuvent être liés à des traumatismes physiques qui réduisent la mobilité du fascia et la mobilité tissulaire du corps dans son ensemble. Citons l’exemple d’une fracture, au delà de la consolidation osseuse qui s’opère, elle laisse des traces au niveau du tissu conjonctif entourant la structure musculosquelettique, et par effet de continum fascial également à distance de la blessure.
De plus, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte, nos traumatismes et blessures émotionnels altèrent également son intégrité tissulaire. Ainsi la fasciathérapie traite aussi bien les douleurs physiques que psycho-émotionnelles. Cela en fait la thérapie par excellence des maladies psychosomatiques, corps et tête étant intimement reliés par le réseau fascial. Son action psychocorporelle justifie son recours en complément des traitements à visée psychothérapeutique.
Quand consulter un fasciathérapeute ?
Le fasciathérapeute dénoue les tensions et figements présents dans l’intégralité du corps, de la tête aux pieds. Il redonne donc de la mobilité et de l’élasticité au tissu et agit ainsi sur les grands systèmes du corps : digestif, musculosquelettique, cardiovasculaire, neurologique, ORL, pulmonaire, gynéco-urinaire et neuro-végétatif. La technique utilisée varie selon les thérapeutes. Il existe des méthodologies douces par effleurements et d’autres plus profondes dites « deep tissue ».
Les motifs de consultation peuvent être très variés : douleurs ou gênes fonctionnelles aigües, les douleurs chroniques, le stress, les personnes en quête de développement personnel. Le mécanisme de la douleur est complexe et implique de nombreux facteurs tant organiques que psychologiques ou sociaux. La situation la plus représentative est la douleur chronique. La thérapie du fascia est particulièrement indiquée suite à un traumatisme physique, psychique, une opération, une dépression ou un burn-out. Elle s’avère donc efficace sur tous les plans de notre être : physique, psychologique mais aussi énergétique.
Comment se déroule une séance ?
Selon les thérapeutes et la technique utilisée mais aussi selon les réponses du corps aux stimulations, la séance peut durer d’une à deux heures. La prise en charge est globale destinée à rééquilibrer le système fascial dans son entièreté. Elle nécessite aussi un temps d’écoute empathique avant, pendant et après la séance. Après un moment de parole au cours duquel le patient exprime ses attentes, le thérapeute l’invite au relâchement du corps et du mental grâce à différentes techniques comme le réveil corporel, la respiration, la méditation. Le fasciathérapeute passe alors au soin en lui-même. Il effectue des pressions, des touchés/glissés, des massages musculaires légers à profonds, ciblés non seulement sur la zone à traiter mais aussi selon un protocole visant à dénouer l’entièreté du tissu fascial.
Une thérapie qui libère l’énergie bloquée
L’énergie bloquée dans le fascia se libère au fil de la séance et des manipulations opérées par le praticien. Le tissu retrouve sa souplesse. Certaines émotions enfouies peuvent remonter à la surface et susciter une véritable libération. Les bénéfices peuvent être ressenties immédiatement jusqu’à quelques jours après, le temps que les capacités d’autorégulation du corps fassent effet. Les patients découvrent ou retrouvent des sensations corporelles oubliées qui leur font ressentir un profond sentiment de bien être, de vitalité, d’apaisement.
La composante émotionnelle
Le plus intéressant est d’observer le pont que peut faire le fascia entre notre corps physique et émotionnel. Un choc émotionnel ou psychique peut avoir des conséquences sur le corps physique, c’est ce que l’on nomme la somatisation. Nous nous retrouvons donc avec des tissus chargés de mémoires émotionnelles, provoquant des troubles fonctionnels, des douleurs chroniques ou troubles émotionnels récurrents, un mal-être général et une énergie atténuée.
La libération des émotions est donc nécessaire et indispensable au processus de réparation et/ou de guérison qui s’opère durant la séance. Elle peut être consciente ou inconsciente. On parle d’intelligence émotionnelle du corps.
La fasciathérapie pour qui ?
Du bébé au senior, la fasciathérapie est adaptée à tout âge. Il est possible d’y avoir recours à titre curatif mais aussi à titre préventif afin de préserver sa santé. La fréquence et le nombre de séances dépendent, bien évidemment, des motifs de consultations. Si le patient consulte pour un problème aigu ponctuel comme un lumbago, il faut envisager une ou deux séances. Pour des problèmes chroniques, cela dépend de la durée et de l’intensité des maux, mais souvent une séance mensuelle est conseillée.
La fasciathérapie est contre-indiquée en cas de troubles circulatoires majeurs telles les thromboses. Elle est aussi fortement déconseillée aux femmes enceintes de moins de trois mois. Au-delà, cette thérapie manuelle permet de soulager divers maux comme le mal de dos, les nausées, les migraines liés à la grossesse. Après l’accouchement, elle peut aider la maman dans les troubles circulatoires, la rééducation périnéale, la constipation… Pour le bébé, les bénéfices sont réels. Elle soulage ses régurgitations, insomnies, tensions intracrâniennes ; tous peuvent être apaisés par la thérapie du toucher.
Comment entretenir son fascia ?
Il est conseillé de boire suffisamment, en effet le fascia est composé à 70% d’eau qui nourrit les fibres et permet le processus de régénération.
Au quotidien, veiller à adopter de bonnes postures, bien respirer, pour cela la pratique du yoga est très bénéfique.
Pratiquer une activité régulière et variée : les fascias n’aiment pas les mouvements mécaniques, uniformes et unilatéraux. Donc, un cycliste qui a toujours le même rythme de course va certainement entraîner son endurance et ses muscles, mais pas tellement ses fascias. Si vous faites de la course à pied, par exemple, variez les exercices en intégrant à votre entraînement certains mouvements de base – des foulées variées, le fait de courir en arrière, mais aussi toute la gamme des mouvements à l’œuvre dans une foulée, pratiqués en conscience.
Adopter une bonne gestion du stress et des traumatismes. Le fascia s’avère extrêmement sensible au stress, et à ses corollaires, l’acidification et l’inflammation, qu’il soit aigu ou chronique, environnemental, physique, émotionnel ou mental. Il est donc très important de remonter à la causalité première du stress. On peut recourir à des thérapeutiques variés pour comprendre l’origine : hypnose, kinésiologie, fasciathérapie, entre autre. Ceci afin d’intégrer des changements profonds de nos paradigmes ancrés depuis notre naissance et qui influe notamment sur notre manière de pensée, notre comportement, nos relations sociales et notre perception de soi.
Pour agir sur les conséquences du stress chronique, on recherchera tout ce qui stimule le nerf parasympathique, ce qui conduira à la détente, la sécurité, la confiance : relaxation, contemplation, lecture, activité physique douce (taï-chi, qi gong), la cohérence cardiaque.
Pour le stimuler, on peut également utiliser des rouleaux, balles à fascia. Les effets se font sentir progressivement car, comme toujours, le vivant a besoin de temps pour évoluer durablement.
Si vous cherchez à améliorer la condition physique de vos fascias, soyez patient, car le collagène met plusieurs mois à se renouveler.
Conclusion
La fasciathérapie, aujourd’hui sur le devant de la scène est promise à un bel avenir tant l’implication du fascia au sein de notre corps semble importante pour notre santé physique et émotionnelle. Les chercheurs considèrent avoir découvert le 80ème organe, dont la particularité est d’être disséminé dans les moindres interstices du corps.
Il est donc majeur d’informer celles et ceux qui, soucieux de retrouver leur santé ou de prendre soin d’eux-mêmes, ignorent ou méconnaissent l’existence de ce tissu et son implication dans nos activités les plus simples et essentielles comme respirer, sentir, bouger.
Comentários